C’est un nom de plus en plus connu dans le monde des cryptomonnaies. Circle, cinq années d’expérience au compteur, commence à se démarquer par sa capacité à se lancer sur tous les créneaux. Paiement, investissement et même trading de cryptomonnaies : rien ne lui échappe.
Plus de 7 millions d’utilisateurs font déjà confiance à Circle. La start-up américaine dispose d’une galaxie de services : de Circle Pay, une application gratuite de paiement en cryptomonnaies, notamment en bitcoin, à Circle Invest et Circle Trade, deux interfaces d’investissement et de trading crypto pour les particuliers et les institutionnels.
La société qui veut concurrencer le géant Coinbase s’est même payé le luxe en février de racheter Poloniex, la 14e plateforme de cryptomonnaies au monde. Celle-ci a ouvert à Circle un univers de plus de 100 cryptomonnaies.
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Un duo de choc
A l’origine de Circle, on trouve Jeremy Allaire et Sean Neville, deux amis passionnés de nouvelles technologies. Les deux hommes, aujourd’hui PDG et directeur technique de Circle, travaillent ensemble depuis les années 2000. A cette date, Sean Neville rejoint la première entreprise de Jeremy Allaire, Allaire Corporation, fondée en 1994.
« Au départ, ce qui m’a intéressé, c’était un réseau d’ordinateurs décentralisé associé à une idée pour la société », explique Jeremy Allaire aux « Echos ». Cette passion, le milliardaire originaire du Minnesota la retrouve justement dans les cryptomonnaies qu’il découvre en 2012. Il est alors à la tête de la plateforme de diffusion vidéo Brightcove, qu’il a fondée en 2004. Son mot-clé : l’infrastructure.
Le concept peut paraître abstrait, d’autant plus pour un secteur lui-même très flou pour le grand public. Mais pour Jeremy Allaire, la structure des cryptomonnaies, basées sur la blockchain, a un énorme potentiel. Début 2013, il décide donc de se lancer et sollicite justement Sean Neville, « la personne la plus intelligente que j’ai jamais rencontrée ». En octobre, Circle est lancé.
Goldman Sachs, Baidu, CICC…
Dans l’aventure, les deux acolytes embarquent notamment Goldman Sachs, Baidu ou encore CICC. Des grands noms comme Michele Burns, qui siège au board de Goldman Sachs, Inbev ou Wallmart conseillent la société. Jeremy Allaire nomme également comme administrateur Jim Breyer, premier investisseur chez Facebook. Aujourd’hui, l’entreprise fondée à Boston compte 60 salariés à travers le monde.
Pour Jeremy Allaire, qui se décrit comme un « technologiste », l’idée de Circle n’est pas de miser sur une cryptomonnaie particulière mais sur l’écosystème de la blockchain. De fait, comme il l’explique aux « Echos », le foisonnement des offres de la jeune pousse qui pèse tout de même plusieurs milliards est fait pour atteindre un objectif : la « tokenisation » de l’économie.
La révolution des tokens
C’est là le véritable objectif de Jeremy Allaire et de Sean Neville, qui semble d’ailleurs largement accessible pour Circle. « Aujourd’hui, on peut potentiellement tout tokeniser : les monnaies traditionnelles, un secteur entier, une entreprise et même des biens comme une voiture », estime Jeremy Allaire.
Derrière le mot de token ou « jeton numérique », on retrouve l’un des outils les plus performants de l’univers de la blockchain. Un token est une sorte d’« action hybride » que l’on obtient lors d’une levée de fonds en cryptomonnaies (ICO), un mode de financement des start-up qui a explosé en 18 mois .
La particularité du token, c’est qu’il a à la fois une valeur et un usage. A la différence de la plupart des cryptomonnaies, il peut donc simultanément servir de moyen d’échange et donner accès à un service lancé par une société dans la blockchain. Un avantage technologique qui n’a pas échappé à Jeremy Allaire et Sean Neville.
« Broker » de tokens
Circle a d’ailleurs déjà commencé à avancer ses pions dans le secteur. « Sur les cryptomonnaies, on est déjà très compétitif. Là, on a envie de développer d’autres projets. Et le marché des tokens en fait partie », confirme Jeremy Allaire.
La société a ainsi déposé début juin une demande de licence pour devenir « broker » de tokens. Ce statut de courtier, plus souple que celui de « Bourse », permettrait à Circle d’offrir à ses clients la possibilité d’investir en toute sécurité. Si elle obtenait ce statut, la start-up se lancerait sur ces actifs considérés comme des titres financiers par la SEC, le gendarme financier américain, et serait donc soumise à sa régulation.
Signe de son ambition, Circle ne veut pas s’arrêter là. Au-delà de sa future activité d’investissement et de trading de tokens, la start-up souhaite devenir la « plateforme des plateformes » des tokens.
Avec sa plateforme, dont Poloniex serait l’un des piliers, Circle souhaite toucher les investisseurs, mais aussi, et surtout, les développeurs. Et leur permettre à la fois de lever du capital et de créer des nouveaux projets avec des tokens. De quoi permettre à Circle de boucler la boucle.
Source : les echos